ACTION 1

Article de référence

• Boudes P., Delanoue E., 2016, Le traitement de l'animal d'élevage par les associations, la science et la presse. Communication au Congrès de l'Association Internationale des Sociologues de Langue Française, Montréal UQAM, 4-8 juillet 2016. http://accept.ifip.asso.fr/docs/action1/1-2-analyse_bibliometique/2016_aislf_scientometrie.pdf

Diaporama

• Le traitement de l’animal d’élevage par les associations, la science et la presse

Contact

philippe.boudes@agrocampus-ouest.fr

Objectif et méthode

Évaluation quantitative, par analyse bibliométrique et cartographie, des controverses par filière (aviculture, bovin, porcin) ou en ciblant les sujets (élevage intensif, bien-être animal, environnement). Analyse des réseaux de champs thématiques (groupes de mots reliés par une forte cooccurrence) et des réseaux de collaboration (entre auteurs ou entre institutions par exemple). Travail réalisé en trois étapes : suivi d’une formation de deux jours (mars 2015) à la méthode scientométrique et à l’utilisation du logiciel de cartographie CorText, analyse des articles scientifiques (base Web of Science), puis de la presse nationale et régionale (base Europresse).

Principaux résultats

L’analyse a d’abord porté sur les productions scientifiques. La constitution du corpus de documents est un travail long et déterminant pour la suite de l’analyse. Il faut (1) s’assurer de la concordance des traductions et sélectionner les termes qui n’ont pas (ou peu) d’homographes, (2) ajuster la taille des corpus d’articles pour qu’ils soient empiriquement traitables (au moins 5 000 mais moins de 25 000 articles pour pouvoir les télécharger), (3) choisir un pas de temps tenant compte des spécificités des bases de données (numérisation, compilation dans les bases par exemple). Pour chacune des trois principales filières animales (bovins, porcins, volailles) et pour une période allant de 1960 à 2015, nous avons fait le choix de retenir uniquement les articles dont au moins un des contributeurs appartenait à une institution française. Une fois le corpus de documents constitué, pour chaque filière, il a été exporté vers la plateforme CorTexT pour analyse. Le logiciel génère des cartes représentant des réseaux de mots à forte cooccurrence, à l’aide de grappes de mots (appelées clusters, Figure 4), qu’on cherche à résumer par un nom, disposées et reliées en fonction des liens entre elles. En définitive, cette analyse de la littérature scientifique n’a pas permis de dégager d’interrogation spécifique relativement au lien entre science et élevage. Les grappes des cooccurrences des termes identifient des domaines déjà balisés, principalement par les sciences de l’élevage : génétique, alimentation, systèmes de production, comportement, maladie, épidémiologie… Très peu de place est accordée aux dimensions sociales des élevages ou à leur lien avec des enjeux politiques, sociaux ni même économiques. Les entrées par les thématiques a priori plus controversées, d’élevage intensif, d’élevage et environnement, d’élevage et bien-être animal, sont aussi dominées par ces premières grappes, tout en s’ouvrant à des thématiques relatives au territoire, à la condition animale, ou à l’expérimentation– en plus de thématiques plus larges comme l’environnement, l’eau et la biodiversité.

Ensuite, pour analyser les articles de presse, un programme de reconnaissance par la plateforme CorText des fichiers produits par Europresse a du être créé. Les conditions logistiques de l’exportation des groupes d’articles d’Europress vers CorTexT nous ont contraints à limiter le nombre d’articles collectés, et donc à sélectionner les journaux, nationaux et régionaux, en fonction de leur audience (tirage quotidien) et de leur ancienneté dans la base. Pour la presse nationale, nous avons retenu six journaux (Le Figaro, Le Monde, Les Echos, Libération, La Croix, l’Humanité), entre 1995 et 2015. Au total, nous avons exporté vers la plateforme CorTexT près de 125 000 articles, un travail très conséquent étant données les difficultés d’exportation inhérentes à la base Europresse. Les mots clés ont été cartographiés, pour chaque filière laissant apparaître une diversité de thématiques : art/social, cuisine/gastronomie, sécurité sanitaire, instances décisionnelles, politique, marché financier, principalement. Pour la presse régionale, le volume d’articles est demeuré trop important pour procéder de la même manière. Nous avons limité notre analyse à Ouest-France, sur 2010-2015, soit près de 55 000 articles au total pour les trois filières. Les mises en forme graphiques donnent des résultats semblables aux analyses de la presse nationale, en minimisant toutefois les grappes de mots relatives au champ politique et en accordant une place importante aux activités locales de loisir (associations, fête, sport), et au développement local des communes et des collectivités.

Articles de référence

• Roguet C., Neumeister D., Magdelaine P., Dockès A.-C., 2016. Les débats de société sur l’élevage en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas : analyse, confrontation avec le sud de l’UE et enseignements. Notes et études socio-économiques, n°40, 65-91. http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/v2_tap3_debatselevageue.pdf
• Roguet C., Neumeister D., Magdelaine P., Dockès A.-C., 2017. Les débats de société sur l’élevage au sein de l’Union européenne : thèmes, arguments et modes d’action des parties prenantes, conséquences sur les modes d’élevage. Journée Rech. Porcine, 49, 307-312. http://www.journees-recherche-porcine.com/texte/2017/ecosocio/ES7.pdf

Diaporama

• Contexte et initiatives dans le nord de l’Union Européenne
• Les controverses sur l’élevage au sein de l’UE

Contact

christine.roguet@ifip.asso.fr

Objectif et méthode

Recherche bibliographique, essentiellement en langue nationale, et réalisation d’une trentaine d’entretiens en Allemagne, au Danemark et en Italie, auprès d’acteurs de l’élevage, de la recherche et des associations, invités à expliciter leurs positions, arguments et modes d’action.

Principaux résultats

Après l’analyse de la France, nous avons souhaité savoir si les controverses différaient entre Etats membres et, alors que les filières sont en concurrence dans un marché unique, appréhender leur impact sur l’évolution des modes d’élevages et la segmentation des marchés.

Le classement des controverses sur l’élevage en France en quatre registres (Delanoue et Roguet, 2015) se révèle pertinent pour l’analyse des débats dans les autres pays étudiés. Les sujets de débat apparaissent assez communs entre pays. Ceci s’explique par des évolutions semblables des productions animales (croissance, concentration géographique et structurelle) et par le lobbying collectif qu’exercent les associations de chaque pays, à l’échelle européenne, au sein d’Eurogroup for Animals et d’European Environmental Board. Cependant, les débats sont très vifs dans le nord de l’Europe, sur presque tous les sujets (Figure 5) ; ils le sont beaucoup moins dans le sud, en particulier en Espagne. La France est dans une position intermédiaire. Porcs et volailles sont partout les premières cibles des critiques, en lien avec leur mode d’élevage (confinement, densité, nombre d’animaux).

La montée de la contestation, les orientations de la recherche et des pouvoirs publics, et les initiatives de filière, conduisent à des changements de pratiques d’élevage en Allemagne et aux Pays-Bas, tout en gardant le souci de la compétitivité des filières. Par contre, au Danemark, les effets d’annonce semblent l’emporter mais la situation évolue. Le pays exporte l’essentiel de sa production (90 % en porc), et les acteurs économiques imaginent difficilement trouver, à l’export, la rémunération d’efforts concernant des préoccupations nationales. Les distributeurs et acteurs des filières du nord de l’Europe ont développé des produits étiquetés selon le mode d’élevage, à des prix accessibles (Figure 6). Leur stratégie est celle des « petits pas sur de grands volumes », comparativement à la stratégie des « grands pas sur de petits volumes » de certains labels. Leurs cahiers des charges conduisent à faire évoluer les pratiques d’élevage pour une part significative de la production. Les pays qui s’engagent sur la voie de la différenciation des produits animaux, selon le mode de production, espèrent en tirer à terme un avantage concurrentiel, en verrouillant leur marché intérieur d’une part, et en imposant leurs contraintes aux autres Etats membres d'autre part. A l’avenir, ces initiatives privées, qui se développent en dehors de tout cadre réglementaire, concerneront probablement des volumes significatifs du marché intérieur communautaire. En s’adressant directement aux consommateurs, elles joueront un rôle probablement déterminant dans l’évolution des modes d’élevage et des segmentations de marché.